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Blog sur l'actualité d'Olivier Jornot
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21 janvier 2010

433] Les enfants des Roms seront-ils scolarisés ?

logo_le_MatinIls devront aller à l’école

ROMS A Genève, le Conseil d’Etat décide de scolariser les enfants qui mendient. Certains risquent même d’être placés en foyer. Un scandale, dénoncent les représentants des Roms.

Et une tribulation de plus dans le feuilleton des Roms à Genève! Au nom de la protection de l’enfance, le Conseil d’Etat a décidé hier de ne plus tolérer que des mineurs puissent mendier dans les rues. Et les mesures adoptées sont plutôt drastiques. Les enfants concernés seront scolarisés de force, voire retirés à la garde de leurs parents si le Service de protection des mineurs (SPMi) les estime en danger, par exemple trop exposés au grand froid.

Le plan du gouvernement genevois risque, une fois de plus, de faire couler beaucoup d’encre. Il provoque en tout cas déjà la fureur des défenseurs des Roms. Auxquels il rappelle même un souvenir de sinistre mémoire: les mesures prises contre les Tsiganes suisses jusque dans les années 1970 pour les forcer à se sédentariser.

Pourquoi avoir pris tout à coup cette décision? Elle s’inscrit dans le contexte d’une augmentation du nombre d’enfants qui mendient à Genève, explique le conseiller d’Etat socialiste Charles Beer. «On voit de plus en plus d’enfants utilisés pour la mendicité, soit des bébés de quelques mois dans les bras de leur mère, soit des enfants de 10 ou 12 ans qui mendient tout seuls», affirme le magistrat socialiste. «Le devoir d’éducation est violé lorsque les parents font mendier leurs enfants au lieu de les scolariser.»

«Pas en prison»

Les autorités ne veulent plus tolérer de telles situations. Toute une machinerie se mettra donc en marche. La police devra interpeller les mendiants accompagnés d’enfants ou les mendiants mineurs. Les parents seront dénoncés à la justice, dans la mesure où ils mettent en danger la santé de leurs enfants en les utilisant pour mendier sur la voie publique. Les enfants seront emmenés au SPMi pour une analyse de leur situation.

Dans tous les cas, ils feront l’objet d’une scolarisation. «En vertu de l’instruction obligatoire, tous les enfants, même là pour une courte durée, doivent aller à l’école, martèle Charles Beer. Ils ne seront pas en prison, ils peuvent très bien repartir en cours d’année.» Ils seront intégrés aux classes d’accueil pour enfants migrants. Enfin, la mesure qui promet d’être encore plus controversée: l’enfant pourra être retiré à sa famille et placé dans un foyer d’accueil d’urgence ou un foyer d’éducation. Une dizaine de places pourraient être rapidement disponibles dans ces structures, selon Pierre-André Dettwiler, directeur adjoint à l’Office de la jeunesse. Le placement pourrait concerner un enfant à Genève sans ses parents, le temps de trouver son représentant légal. Mais aussi un enfant que ses parents exposeraient à un danger, par exemple en le laissant dormir dehors en plein hiver.

Le plan d’action du gouvernement, qui ne nécessite pas de changements législatifs, va se mettre immédiatement en place. «Nous n’allons pas retirer des enfants à leurs parents demain. Mais notre volonté est de ne plus voir d’enfants mendier d’ici deux à trois mois», explique Charles Beer.

Toutes ces mesures font bondir Me Dina Bazarbachi, présidente de l’association Mesemrom, qui défend les intérêts des Roms. «Ce ne sont pas des mesures sociales. Elles perdent de vue le côté humain. On veut juste arracher des enfants à leurs parents. On continue dans les discriminations à l’égard des Roms.» L’avocate n’a pas de mots assez durs pour condamner cette initiative, qu’elle juge irréfléchie et inapplicable du point de vue légal. «Pour prononcer un retrait de garde, il faut que l’enfant soit en danger de mort ou qu’un danger imminent le guette. Ces enfants ne sont pas en danger! Je me battrai contre chaque décision de retrait, jusqu’à la Cour européenne des droits de l’homme s’il le faut.»

mauvais souvenirs

Et d’ajouter que «les autorités n’ont tiré aucune leçon de l’Histoire». Dina Bazarbachi veut parler du plan mis en place par Pro Juventute pour scolariser et sédentariser les Tsiganes de Suisse. Entre 1926 et 1973, l’organisation avait enlevé 586 enfants à leurs parents pour les placer, avec l’aide des autorités.

Le même parallèle est tiré par May Bittel, président de la Mission tsigane suisse. «Je suis vraiment choqué. Ça me fait revivre ce que j’ai vécu dans ma jeunesse. On rouvre de vieilles plaies qui ne sont toujours pas cicatrisées.» Dans son enfance, lui-même a dû vivre une fuite incessante pour ne pas être enlevé à ses parents. Egalement représentant des gens du voyage au Conseil de l’Europe, May Bittel envisage de saisir cette instance.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que deux points de vue complètement différents des droits de l’homme et de la protection des enfants entrent en collision dans cette affaire… Charles Beer trouve la comparaison avec les agissements de Pro Juventute «monstrueuse». Pour lui, il ne s’agit nullement de stigmatiser une communauté. Les autorités évitent d’ailleurs soigneusement le mot «rom». Elles veulent seulement éviter aux mineurs de s’exposer à la mendicité et leur donner une instruction à laquelle tous les enfants ont droit.

Mathieu Cupelin

source : www.lematin.ch du 21.01.2010

sur le même sujet :

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Radio Cité du 21.01.2010

Peut-on laisser un enfant mendier dans la rue ?

Manuel Tornare, Dina Bazarbachi, Olivier Jornot et Jennifer Covo parlent de la  " Clause péril "

source : www.radiocite.ch

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