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Blog sur l'actualité d'Olivier Jornot
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25 juin 2009

266] Les acteurs du G8 s'expriment sur les événements 6 ans après ...

Retour sur les dix jours qui ébranlèrent Genève

G8 | Ils ont été acteurs du G8. Six ans après, quel regard portent-ils sur les événements ?

G8___Gen_ve_juin_2003_tdg_25

© Laurent Guiraud/1er juin 2003 | Le chaos dans les rues de Genève. Les affrontements entre casseurs et police ont succédé à la manifestation pacifique contre le G8.

CHRISTIANE PASTEUR | 25.06.2009

Premier jour de juin 2003 au matin. La Cité de Calvin ressemble à un dazibao géant. Les Genevois ont utilisé les palissades jaunes derrière lesquelles se retranchent les commerçants du centre-ville pour écrire tout ce qui leur passe par la tête. L’esprit est à la fête. Si elle a secoué la population, la casse nocturne de la veille ne saurait entamer le moral des 80 000 altermondialistes venus de Suisse et d’Europe pour exprimer leur opposition au G8 d’Evian, au néolibéralisme en général et à la guerre en Irak en particulier.

La plus grande manifestation jamais organisée dans notre ville débouchera sur une période de désorganisation totale, mettant aux prises politiques, casseurs, manifestants, policiers et journalistes. Antonio Hodgers, Micheline Spoerri, Jean-Marc Widmer et Eric Decarro ont vécu intensément ces quelques jours qui ébranlèrent Genève. Six ans après, que sont-ils devenus? Quel regard portent-ils sur les événements? Le G8 a-t-il changé leur vie?

ANTONIO HODGERS 

Antonio_Hodgers_tdg_25A l’époque, le jeune député Vert joue le rôle de médiateur entre manifestants et autorités, en rédigeant notamment le protocole d’accord du cortège. En remerciement, il essuie des critiques de toutes parts. Et, en novembre 2003, l’Entente l’empêche d’accéder au poste de vice-président du Grand Conseil.

«La droite a essayé de me faire porter le chapeau du G8, se souvient celui qui est aujourd’hui conseiller national. Selon Pierre Weiss et Olivier Jornot, j’avais organisé le Black Block. Cette histoire a bien failli se terminer au tribunal! C’était surtout une façon pour eux de dégager Micheline Spoerri des écrasantes responsabilités qu’elle avait été incapable d’assumer.»

Sur le fond, Antonio Hodgers n’a aucun regret. «Le G8 fut le moment le plus fort que j’ai vécu politiquement. Dans l’instant, j’ai souffert de ces attaques, mais jamais je n’ai reçu autant de messages de soutien – des dizaines et des dizaines de lettres – que suite à ma non-élection au bureau. Au final, c’était plutôt une chance. Souvent, les gens qui passent par ce poste-là peinent à rebondir politiquement…»

MICHELINE SPOERRI  

Micheline_Spoerri_tdg_25Elle en a bavé avant, pendant et après. On lui a reproché d’avoir préféré son bureau au terrain, son incompétence, ses couacs en matière de communication. Le G8 lui aura coûté son poste de conseillère d’Etat. Il est vrai que l’affaire était mal emmanchée. Deux mois avant le sommet, une syndicaliste est blessée au visage par une balle marquante, entraînant la démission de Christian Coquoz, alors chef de la police. A dix jours du lancement du G8, la Confédération n’a toujours pas avalisé le renfort des policiers allemands au bout du lac. Sans oublier les dissensions entre membres du gouvernement…

«Je suis la personne qui a le plus payé le G8. Ça a été une grande secousse dans ma vie, mais aussi une expérience extraordinaire. Peu de gens ont l’occasion, au cours de leur mandat, de gérer un événement aussi déterminant. On a cru que j’avais perdu les pédales ou la tête, mais ce n’était pas le cas. Il était tout simplement difficile de faire mieux. Je ne sais pas comment j’aurais supporté un événement grave au niveau humain.»

Depuis? Micheline Spoerri a reçu la Légion d’honneur – maigre consolation – elle a livré sa version du G8 dans un bouquin paru en 2006 et, à près de 60 ans, a ramé pour retrouver du boulot comme consultante en biologie. La politique? «Je reste une passionnée. Mais je préférerais travailler dans l’ombre.»

JEAN-MARC WIDMER  

Jean_Marc_Widmer_tdg_25Il a eu cette phrase mémorable: «Nous ne voulons plus servir de pots de fleurs. On ira sur le terrain, mais on ne laissera plus rien passer.» Jean-Marc Widmer, à l’époque président de l’Union du personnel du corps de police (le syndicat des gendarmes), traduisait ainsi le ras-le-bol de ses collègues.

Aujourd’hui encore, l’épisode du blocage du pont du Mont-Blanc, le 2 juin, lui reste en travers de la gorge. «Suite à l’intervention de Charles Beer, nous avions été obligés de relâcher les manifestants, alors que les casseurs auraient pu être identifiés et neutralisés. Au lieu de cela, ils sont partis glorieusement, certains collègues se sont même fait cracher dessus.»

A l’époque, il était intervenu sur Léman Bleu pour dénoncer les tergiversations du Conseil d’Etat. «Au parlement, certains députés, dont Véronique Pürro, avaient demandé que des sanctions soient prises contre moi et le commandant Cudré-Mauroux.» Sa carrière a finalement suivi son cours normal, puisque Jean-Marc Widmer est aujourd’hui brigadier, chef de groupe à la Sécurité routière.

ERIC DECARRO  

Eric_Decarro_tdg_25«Je garde de cette période un sentiment double. D’un côté, l’exaltation suscitée par ce qui fut la plus grande mobilisation jamais organisée dans la région. De l’autre, l’exploitation de la casse par l’Etat et la droite a permis de restreindre nettement le droit de manifester. Un durcissement dont nous ressentons aujourd’hui encore les conséquences. J’en veux pour preuve l’interdiction de la manifestation contre le WEF en janvier dernier à Genève.»

En 2003, Eric Decarro est président national du Syndicat des services publics et une des chevilles ouvrières du Forum social lémanique (FSL). Le G8 aurait pu lui coûter son poste à l’Etat, à lui comme à son collègue Olivier de Marcellus. «Nous avons été vilipendés dans la presse, rendus responsables de la casse, alors même que nous avions réitéré notre opposition à toute atteinte aux personnes et aux biens. Le rapport des experts mandatés par le gouvernement genevois nous a donné raison, mais ses conclusions ont été bien vite enterrées.»

Aujourd’hui, Eric Decarro est un retraité actif. «L’OMC annonce la tenue d’une conférence ministérielle sur la crise économique actuelle, le 30 novembre prochain à Genève. Nous allons réactiver nos contacts régionaux pris lors du G8.»

source : www.tdg.ch du 25.06.2009 par Christine Pasteur

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