69] Comment trouver les moyens de franchir le mur de l'abstention en politique ?"
"Comment passer le mur du son en politique ?"
La vérité est cruelle.
67,03% des Genevois se sont désintéressés de la Constituante.
L’autre matin sur la RSR, Jean Olivier Pain nous parlait du mur du vent, à propos de l’hydroptère, dont un prototype tentera de dépasser les 100 km/h sur le Léman l’année prochaine. «La difficulté, expliquait un des scientifiques de l’ EPFL, c’est de dépasser les 49 noeuds, vitesse à laquelle l’eau se vaporise. C’est aussi délicat que de franchir le mur du son.» N’en vatil pas de même en politique?
Passer le mur de l’abstention requiert donc cinq conditions: un enjeu exceptionnel, une volonté de fer, des technologies innovantes, des pilotes ultraprofessionnels et des moyens importants. Rien de tout cela n’était réuni lors de la campagne de la Constituante.
Enjeu nul.
Certes, la révision totale d’une Constitution vieille de 161 ans n’est pas banale, mais l’enjeu pour Genève était flou. Personne n’a proposé de changer de régime politique.
Proposer plus de démocratie n’a pas plu au peuple, qui se sent déjà trop souvent dépassé par les questions que lui pose le système actuel. Et les multiples propositions de réformes des communes, de la gouvernance du Conseil d’ Etat ou du pouvoir judiciaire n’ont fait que contribuer à brouiller le message.
Pas un pilote ultraprofessionnel dans le bateau.
Résultat, la campagne a été molle, tardive, sans relief.
527 candidats – la plupart ingénus, voire naïfs – sont restés inconnus du public 18 listes, dont les deux tiers sont sans réalité ni représentation audelà des frontières cantonales, c’était manifestement trop. La question du professionnalisme va d’ailleurs devenir cruciale en politique.
Les citoyens, qui sont si exigeants lorsqu’ils sont consommateurs, vontils accepter encore longtemps de payer au même tarif tous les élus, y compris les carpes et les manchots?
Aucune volonté politique ou si peu.
Des institutions absentes, un Conseil d’ Etat qui se confine au rôle technique d’installateur d’assemblée, un Grand Conseil grognon et dédaigneux qui veut bien prêter SA salle à cette cigale importune qui promet des lendemains qui chantent.
Aucune innovation technologique.
Le vote électronique, dont on parle depuis dix ans, est toujours dans les limbes.
Aucune publicité à la télévision. Aucun événement propre à mobiliser les grands médias populaires (télévision et gratuits) qui ont tout simplement ignoré la campagne.
Seuls les médias locaux ont modestement couvert l’événement et ont organisé, à leurs frais, des débats spectacles répétitifs.
Aucun moyen.
A l’exception de g[e]’ avance et du Parti libéral, qui ont dépensé plus de cent mille francs, les autres partis n’ont déboursé que quelques dizaines de milliers de francs. Et les plus petits, y compris les Associations et le MCG, n’auront pas droit à la subvention de 10 000 francs réservée aux listes qui ont recueilli plus de 5% des suffrages.
Au fond, c’est déjà un miracle que 33% des Genevois soient allés voter. Et cela met au défi la classe politique de trouver les moyens de franchir le mur de l’abstention. A commencer par la Constituante, quand elle voudra entrer en débat avec les Genevois. Une seule solution: innover et surprendre!
source : www.tdg.ch du 29.10.2008 J-F Mabut