50] La chronique de Pascal Décaillet
La chronique de Pascal Décaillet
Soeur jumelle
PASCAL DÉCAILLET
JOURNALISTE INDÉPENDANT
Alors, Françoise Buffat arriva. Oraculaire et vipérine, charmeuse, assassine.
Elle se mit à parler.
De quoi? Mais des libéraux, pardi! Ce qu’elle connaît le mieux au monde. Comme si elle les avait tous enfantés, couvés, puis lacérés, éviscérés, selon l’humeur: on ne tue que ce qu’on aime. Françoise, c’est la Grèce archaïque doublée de la Bible vengeresse.
Et elle, allusive comme le chant de mille sorcières, commença, tout en noire douceur, à nous annoncer la fin du libéralisme, cette ignoble matrice de l’argent facile.
Etaitelle la soeur jumelle de cette Françoise dont j’avais cru percevoir, oh rien, juste depuis trente ans, que l’idéologie libérale ne lui avait pas toujours été indifférente?
Avais-je rêvé? Vois-je double?
Et puis, toute jouissance, ce meurtre ne parvenant vraiment à l’extase qu’au moment du coup de grâce, elle se mit à nous parler des libéraux genevois. Se demander si elle croit encore en eux relève de l’euphémisme. A tel point que, dans le portrait robot qu’elle nous fit du candidat idéal pour 2009, nous ne pûmes reconnaître que le radical François Longchamp.
Adieu, Mark Muller et les plus hautes tours. Adieu, femmes des communes, délicieusement bourgeoises, mais trop champêtres. Et même, adieu Jornot, héron cendré du Rubicon.
Dans la tête de ma chère consoeur, se pencher sur ce parti, c’est étudier l’aspiration vers le néant. Elle est vraiment très méchante, Françoise.
source : www.tdg.ch du 16.10.2008